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juin 12, 2025

Acheter une maison en intérim : mission possible, mais exigeante

Devenir propriétaire sans CDI peut sembler une gageure. Et pourtant, l’achat d’une maison en intérim n’est pas un mythe. Mais il implique rigueur, stratégie et patience. Car si l’intérim est perçu comme une forme d’emploi précaire par les banques, il existe des moyens de bâtir un dossier suffisamment solide pour convaincre un prêteur.

Le CDI, un sésame… mais pas une obligation

Traditionnellement, les banques réservent leurs offres de prêt immobilier aux salariés en CDI. Ce contrat garantit une stabilité de revenus, élément rassurant pour les remboursements à long terme. Toutefois, avec l’évolution du marché du travail, certains établissements commencent à s’ouvrir aux profils plus atypiques, dont les intérimaires.

Intérim : comment prouver sa stabilité professionnelle ?

La clé pour un intérimaire est de convaincre que, malgré un contrat non permanent, ses revenus sont réguliers, prévisibles et gérés de façon responsable.

Voici les critères classiques que les banques examineront :

  • Ancienneté en intérim : au moins 18 mois sans interruption dans le même secteur, idéalement dans la même entreprise ou sur un poste similaire.
  • Secteur d’activité : un domaine porteur (BTP, santé, logistique, informatique, etc.) est mieux perçu.
  • En mission au moment de la demande : être en poste montre une continuité d’activité.

Construire un dossier bancaire irréprochable

Les banques n’attendent pas seulement des bulletins de salaire. Elles veulent être rassurées sur la manière dont vous gérez votre argent. Voici les pièces et garanties à rassembler :

1. Justifier de revenus réguliers

  • Bulletins de salaire des 12 à 24 derniers mois
  • Relevés d’activité d’agences d’intérim
  • Attestation d’ancienneté ou de récurrence des missions

2. Des Comptes bancaires propres

Les 3 derniers relevés doivent être exempts de :

  • Frais de rejet
  • Commissions d’intervention
  • Saisie administrative ou bancaire
  • Retraits massifs inexpliqués

C’est une preuve indirecte de votre gestion budgétaire.

3. Capacité à épargner

Il est fortement recommandé de montrer que vous êtes capable de mettre de côté au moins l’équivalent de la future mensualité pendant 6 mois. Cela prouve que vous avez anticipé le poids d’un remboursement.

4. Un apport personnel

Plus il est élevé, mieux c’est. En règle générale, les banques exigent un apport d’au moins 10 % du montant du bien, soit l’équivalent des frais de notaire. Un apport de 20 % ou plus renforce considérablement votre dossier.

5. Endettement et reste à vivre

  • Le taux d’endettement ne doit pas excéder 33 % de vos revenus nets.
  • Le reste à vivre (somme mensuelle disponible une fois toutes les charges payées) doit être suffisant pour couvrir le quotidien. Le reste à vivre conseillé en 2025 est le suivant :
    • Pour une personne seule : entre 700€ et 1000€
    • Pour un couple : entre 1200€ et 1500€
    • Pour une famille monoparentale : entre 1000€ et 1500€
    • Pour un couple avec un enfant (3 personnes) : entre 1500€ et 2000€
    • Pour un couple avec deux enfants (4 personnes) : entre 1800€ et 2500€

Mettre toutes les chances de son côté

Acheter à deux

Si votre conjoint(e) est en CDI, cela rassure fortement la banque. Son profil peut même suffire pour emprunter, même si vos revenus ne sont pas pris en compte.

Recourir à une caution solidaire

Un parent ou proche disposant de revenus stables peut se porter garant. C’est un signal positif pour les banques mais la caution viendra en complément d’une autre garantie, la caution solidaire seule ne suffira pas.

Domicilier ses revenus

Accepter de domicilier vos revenus dans la banque qui vous prête peut jouer en votre faveur lors des négociations.

Passer par un courtier

Un courtier immobilier connaît les banques les plus ouvertes aux profils atypiques. Il peut présenter votre dossier sous un angle favorable et négocier les meilleures conditions.

Les aides pour les intérimaires

Plusieurs dispositifs peuvent soutenir les intérimaires dans leur projet immobilier :

  • FASTT Accession : le Fonds d’Action Sociale du Travail Temporaire aide les intérimaires à monter leur dossier et à trouver un financement.
  • Prêt à taux zéro (PTZ) : sous conditions de ressources, ce prêt sans intérêt peut financer jusqu’à 40 % du bien. Il est toutefois ouvert aux logements neufs ou ancien avec d’importants travaux d’amélioration énergétique.
  • Prêt d’accession sociale (PAS) : réservé aux foyers modestes, permet de financer la totalité du projet.
  • Plan d’épargne logement (PEL) : permet d’obtenir un crédit à un taux avantageux si vous avez suffisamment épargné, et que ce dernier est ouvert depuis au moins 3 ans.
  • APL Accession : dans certaines zones, les intérimaires peuvent toucher une aide au logement même en étant propriétaire.

Les garanties exigées

En plus de l’assurance emprunteur (obligatoire), les banques exigent des garanties, qui peuvent être l’une des trois suivantes :

  • Caution : souvent gérée par des organismes spécialisés (Crédit Logement, CAMCA, etc.)
  • Hypothèque : si vous êtes déjà propriétaire ou que vous achetez un bien ancien.
  • Nantissement : mise en garantie d’un produit financier (assurance-vie, PEL, etc.)

Le bon timing

Voici les conditions idéales pour présenter votre dossier :

  • Vous êtes en mission d’intérim en cours
  • Vous avez au moins 2 ans d’ancienneté sans grosse interruption
  • Vous avez épargné régulièrement les mois précédents
  • Vos comptes sont parfaitement tenus
  • Vous avez préparé un apport couvrant a minima les frais de notaire, les frais d’agence et de garantie.

En conclusion

Acheter une maison en étant intérimaire est une opération sensible mais loin d’être impossible. Là où un CDI ouvre des portes facilement, l’intérim exige un dossier solide, une rigueur financière sans faille, et parfois, des soutiens extérieurs. Mais avec préparation, accompagnement et persévérance, l’accès à la propriété peut bel et bien devenir une réalité durable.

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