Acheter une maison en intérim : mission possible, mais exigeante


Devenir propriétaire sans CDI peut sembler impossible. Pourtant, l’achat d’une maison en intérim est une réalité accessible à ceux qui préparent soigneusement leur dossier. Si l’intérim reste perçu comme un emploi plus précaire, il existe des leviers concrets pour rassurer la banque et obtenir un financement.
Le CDI : un atout, mais pas une obligation
Traditionnellement, les banques privilégient les salariés en CDI, symbole de stabilité et de revenus réguliers. Cependant, l’évolution du marché du travail pousse certains établissements à considérer des profils atypiques, dont les intérimaires, dès lors qu’ils démontrent une situation professionnelle et financière solide.
Intérim : comment prouver sa stabilité professionnelle ?
En intérim, l’objectif est de montrer que vos revenus sont réguliers, prévisibles et durablement assurés.
Les banques examinent notamment :
- Votre ancienneté en intérim : au moins 18 mois d’activité continue sont souvent attendus, idéalement dans le même secteur ou sur des postes similaires.
- Votre secteur d’activité : BTP, santé, logistique, industrie, informatique ou autres secteurs porteurs sont mieux perçus.
- Votre situation au moment de la demande : être en mission en cours renforce la crédibilité de votre dossier.
Construire un dossier bancaire irréprochable
1. Justifier des revenus réguliers
- bulletins de salaire des 12 à 24 derniers mois ;
- relevés d’activité fournis par vos agences d’intérim ;
- attestations d’ancienneté ou de récurrence des missions.
2. Des comptes bancaires exemplaires
Les trois derniers relevés doivent être propres :
- pas de frais de rejet ;
- pas de commissions d’intervention répétées ;
- pas de saisies administratives ;
- pas de retraits massifs injustifiés.
C’est une preuve indirecte de votre sérieux et de votre capacité à gérer un crédit.
3. Montrer votre capacité à épargner
Idéalement, soyez capable de mettre de côté l’équivalent de votre future mensualité pendant au moins 6 mois. Cela démontre que vous avez anticipé la charge du prêt.
4. Disposer d’un apport personnel
Un apport d’au moins 10 % du prix du bien (frais de notaire, frais annexes) est souvent exigé. Un apport de 15 à 20 % ou plus améliore nettement vos chances.
5. Vérifier votre endettement et votre reste à vivre
- taux d’endettement cible : maximum 33 % des revenus nets ;
- reste à vivre suffisant après paiement des charges et mensualités.
À titre indicatif, les niveaux de reste à vivre généralement attendus sont :
- personne seule : entre 700 € et 1 000 € ;
- couple : entre 1 200 € et 1 500 € ;
- famille monoparentale : entre 1 000 € et 1 500 € ;
- couple avec un enfant : entre 1 500 € et 2 000 € ;
- couple avec deux enfants : entre 1 800 € et 2 500 €.
Mettre toutes les chances de son côté
Acheter à deux
Si votre conjoint(e) est en CDI, son profil peut sécuriser le projet. Dans certains cas, la banque se base principalement sur ses revenus pour accepter le dossier.
Recourir à une caution solidaire
Un proche disposant de revenus stables peut se porter garant. C’est un signal rassurant, mais la caution vient en complément d’autres garanties : elle ne suffit pas toujours seule.
Domicilier ses revenus
Accepter de domicilier vos revenus dans la banque prêteuse peut peser positivement lors des négociations.
Passer par un courtier
Un courtier immobilier connaît les établissements les plus ouverts aux intérimaires. Il valorise votre parcours, structure le dossier et négocie à votre place.
Les aides pour les intérimaires
- FASTT Accession : accompagnement spécifique des intérimaires pour le montage du dossier et la recherche de financement.
- Prêt à taux zéro (PTZ) : sous conditions de ressources, peut financer jusqu’à une partie importante du projet pour l’achat dans le neuf ou l’ancien avec travaux.
- Prêt d’accession sociale (PAS) : destiné aux foyers modestes, peut financer jusqu’à 100 % du coût du projet.
- Plan d’épargne logement (PEL) : offre un droit à prêt à taux préférentiel en cas d’épargne suffisante et d’ancienneté du plan.
- APL Accession : possible dans certaines zones sous conditions de ressources et de type de prêt.
Les garanties exigées
En complément de l’assurance emprunteur, la banque demandera au moins une garantie :
- Caution : via un organisme spécialisé (par exemple Crédit Logement, CAMCA).
- Hypothèque : mise en garantie sur le bien financé.
- Nantissement : affectation en garantie d’un produit financier (assurance-vie, épargne, PEL…).
Choisir le bon timing
Les conditions idéales pour déposer votre dossier :
- être en mission d’intérim au moment de la demande ;
- justifier d’au moins 18 à 24 mois d’activité continue ;
- avoir épargné régulièrement sur plusieurs mois ;
- présenter des relevés bancaires irréprochables ;
- disposer d’un apport couvrant a minima les frais de notaire, d’agence et de garantie.
Conclusion : acheter en intérim, un projet exigeant mais possible
Acheter une maison en étant intérimaire est une opération plus sensible qu’avec un CDI, mais loin d’être impossible. Là où le salarié en CDI obtient plus facilement un accord, l’intérimaire doit compenser par un dossier solide, une gestion financière rigoureuse, des garanties adaptées et, si possible, un accompagnement professionnel. Avec de la préparation et de la persévérance, l’accès à la propriété peut devenir une réalité durable, même sans contrat à durée indéterminée.

Matthieu Delattre
Matthieu a 38 ans et plus de dix ans d’expérience dans le secteur immobilier. Après une formation en droit immobilier et urbanisme, il s’est tourné vers la rédaction web pour partager ses connaissances. Achat, location, fiscalité immobilière ou gestion locative : il couvre l’ensemble des sujets avec précision et pragmatisme, en s’adressant aussi bien aux primo-accédants qu’aux investisseurs aguerris.