Promesse de vente : quel engagement pour l’acheteur et le vendeur ?


Acheter ou vendre un bien immobilier ne se fait pas sur un coin de table. Pour encadrer juridiquement l’accord entre les parties avant la signature de l’acte définitif, il existe une étape-clé : la promesse de vente. Derrière ce terme se cache un véritable contrat aux conséquences importantes. Quels engagements implique-t-elle ? Quelle différence entre promesse unilatérale et compromis de vente ? Et que se passe-t-il en cas de désistement ? Voici l’essentiel à connaître.
Qu’est-ce qu’une promesse de vente ?
La promesse de vente est un avant-contrat qui formalise l’accord entre un vendeur et un acheteur sur la vente d’un bien immobilier. Elle peut prendre deux formes :
- Promesse unilatérale de vente : seul le vendeur s’engage à vendre, l’acheteur dispose d’une option d’achat pendant un délai déterminé.
- Compromis de vente (ou promesse synallagmatique) : vendeur et acheteur s’engagent réciproquement à conclure la vente.
Dans les deux cas, il s’agit d’un document contractuel engageant, qui précède l’acte authentique signé devant notaire. Il fixe les conditions de la vente et sécurise la transaction pendant les délais nécessaires (obtention du crédit, diagnostics, levée des conditions suspensives, etc.).
Portée juridique : un véritable engagement
Dans le cadre d’une promesse unilatérale de vente
- Le vendeur s’engage à vendre le bien à un prix déterminé, pendant une durée définie (souvent 2 à 3 mois).
- Il ne peut ni se rétracter, ni vendre le bien à un tiers pendant cette période.
- L’acheteur bénéficie d’un droit d’option : s’il décide d’acheter, il « lève l’option » et la vente devient définitive (sous réserve des conditions suspensives).
En contrepartie de cette exclusivité, l’acheteur verse généralement une indemnité d’immobilisation de 5 à 10 % du prix de vente. S’il renonce sans motif légitime prévu au contrat (comme le refus de prêt), cette somme peut être conservée par le vendeur.
Dans le cadre d’un compromis de vente
Les deux parties sont engagées l’une envers l’autre. Le compromis a une valeur proche de celle de la vente définitive, sous réserve de la réalisation des conditions suspensives.
En cas de renoncement injustifié par l’une des parties :
- l’autre peut demander l’exécution forcée de la vente devant le juge ;
- ou réclamer des dommages et intérêts, souvent prévus par une clause pénale.
Les engagements de l’acheteur
Délai de rétractation
L’acheteur non professionnel bénéficie d’un délai de rétractation de 10 jours calendaires à compter de la notification de l’avant-contrat. Il peut se désister sans motif et sans pénalité. Toute somme versée doit lui être restituée dans un délai de 21 jours.
Engagement financier
- En promesse unilatérale : l’acheteur risque de perdre l’indemnité d’immobilisation s’il renonce sans justification prévue.
- En compromis de vente : il peut être contraint de signer ou de payer la somme prévue en cas de désistement fautif (clause pénale).
Obligation de bonne foi
Pour invoquer une condition suspensive (notamment l’obtention du prêt), l’acheteur doit démontrer qu’il a effectué les démarches nécessaires. À défaut, il peut être considéré comme défaillant.
Les engagements du vendeur
- Obligation de vendre : une fois la promesse ou le compromis signé, le vendeur ne peut plus librement se rétracter.
- Transmission des informations : il doit fournir les diagnostics obligatoires, les informations sur la copropriété, les servitudes, etc.
- Respect des délais : il doit permettre à l’acheteur d’exercer son option (en promesse unilatérale) ou de signer l’acte définitif dans les délais prévus.
En cas de refus injustifié de signer l’acte authentique, l’acheteur peut saisir le tribunal pour demander la vente forcée ou des dommages et intérêts.
Clauses essentielles d’une promesse de vente
Clauses suspensives
Elles permettent d’annuler la vente sans pénalité si certains événements surviennent. Parmi les plus fréquentes :
- refus de prêt immobilier de l’acquéreur ;
- exercice du droit de préemption de la mairie ;
- découverte d’un vice, d’une servitude ou d’une situation juridique compromettante ;
- parfois, vente préalable d’un autre bien de l’acquéreur (si expressément acceptée par le vendeur).
Ces clauses doivent être rédigées avec soin par un professionnel (notaire ou agent immobilier).
Clause pénale
Souvent présente dans un compromis de vente, elle fixe le montant de l’indemnisation due si une partie se désiste sans motif légitime. Le juge peut en adapter le montant en cas d’abus manifeste.
Clause de dédit
Plus rare, elle permet à une partie de se désengager en versant une somme forfaitaire. Elle doit être prévue expressément et reste strictement encadrée.
Forme et validité de la promesse de vente
- Sous seing privé : rédigée entre les parties, souvent avec l’appui d’un agent immobilier.
- Acte authentique : rédigé et signé devant notaire, offrant une sécurité juridique renforcée.
La promesse unilatérale de vente doit être enregistrée auprès de l’administration fiscale dans les 10 jours, sauf si elle est passée devant notaire. Si sa durée dépasse 18 mois, elle doit obligatoirement être rédigée sous forme authentique.
Peut-on annuler une promesse de vente ?
Une promesse ou un compromis peut être annulé dans les cas suivants :
- rétractation de l’acheteur dans le délai légal de 10 jours ;
- non-réalisation d’une condition suspensive (refus de prêt, préemption, etc.) ;
- résolution amiable d’un commun accord entre vendeur et acheteur.
En dehors de ces hypothèses, un désistement unilatéral expose à des conséquences financières (perte de l’indemnité, clause pénale) voire à une action en exécution forcée.
Promesse de vente : un engagement à prendre au sérieux
Loin d’être une simple formalité « pour réfléchir », la promesse de vente est un contrat lourd de conséquences. Elle permet de :
- sécuriser l’accord avant l’acte notarié ;
- fixer clairement le prix, les délais et les conditions ;
- protéger les deux parties contre les revirements imprévus.
Il est vivement recommandé de faire rédiger ou vérifier la promesse de vente par un notaire ou un professionnel de l’immobilier, surtout dans un contexte de marché tendu où chaque clause compte.
À retenir
- La promesse de vente et le compromis sont des actes engageants.
- La promesse unilatérale protège fortement l’acheteur pendant le délai d’option, mais engage le vendeur.
- Le compromis engage les deux parties et peut mener à une exécution forcée en cas de désistement fautif.
- Les clauses suspensives, pénales ou de dédit doivent être rédigées avec précision.
- L’accompagnement par un professionnel sécurise la transaction et limite les risques de contentieux.

Matthieu Delattre
Matthieu a 38 ans et plus de dix ans d’expérience dans le secteur immobilier. Après une formation en droit immobilier et urbanisme, il s’est tourné vers la rédaction web pour partager ses connaissances. Achat, location, fiscalité immobilière ou gestion locative : il couvre l’ensemble des sujets avec précision et pragmatisme, en s’adressant aussi bien aux primo-accédants qu’aux investisseurs aguerris.